mardi 5 février 2019

La France aime la violence

   Tout porte à croire que notre pays, la France, respecte, encourage et aime la violence ; nous sommes juste sortis du cycle dit des « zadistes », entrons dans celui des « gilets jaunes » et nous retrouvons ces sentiments diffus d’un peuple, de personnes qui au niveau individuel ou collectif pratique, encourage ou excuse la violence; qu’elle soit verbale, social ou physique.
   On objectera que cette violence serait destinée contre les pouvoirs régaliens, Police Justice et Armée ; mais dans la réalité quotidienne de ces faits de violence, on trouve autant d’attaques de magasins de vins Nicolas que de coups portés aux CRS : cette violence est-elle inscrite dans les gènes, dans le mode de fonctionnement de notre manière de vivre ?
   Avant d’essayer de répondre à cette question, remarquons que cette violence sort régulièrement victorieuse de ses combats Il y eut ces derniers mois, des personnes autoproclamées « zadistes » c’est à dire littéralement partisans d’une « zone à défendre » qui avaient unilatéralement décidés qu’un aéroport ne devait pas être construit près de Nantes". Ils étaient plusieurs milliers. Qu’ils expriment une hostilité dans le projet industriel, qu’ils manifestent dans le respect des lois, qu’ils fassent une propagande active voir intelligente de leur opposition : tout cela était dans les règles du jeu d’un système démocratique.
   Cependant, dès le départ, leur stratégie, leur mode fonctionnement a été très différent : ils exigeaient l’annulation du projet, et cela quoique les autres en pensent; et avec des actions de quelque moyens qu’ils avaient décidés et qu’ils assumèrent totalement : violence verbale et physique, manifestations et combats contre les forces de l’ordre étaient leurs méthodes. Nous avons l’exacte définition de la dictature d’une minorité contre une majorité. Tout le monde connait la suite, malgré tout les votes démocratiquement réalisés aux différents échelons de la représentation nationale demandant la continuation du projet ; celui-ci a été suspendu, repoussé et arrêté : ils ont gagnés.
   Quand ce type de mouvement apparaît, leurs premiers mots exprimées parlent d’indignation face à une injustice insoutenable ; avec cette entrée en matière, ce type de d’argument, tout mouvement est très bien vu en France : si vous hurler à l’injustice, vous avez un a priori favorable de la part de tous les auditeurs, acteurs et dirigeants. Alors pourquoi faudrait-il faire une démonstration rigoureuse, mais lente à structurer et difficile à exprimer de faits objectifs alors s’il suffit de brandir un étendard d’injustice pour être écouté, compris et remporté l’adhésion de tous, au moins pour un certain temps ? La fin justifie les moyens !
   Et puis de l’injustice à la révolution, il n’y a qu’un pas que beaucoup franchisse assez vite ; mais s’il y a injustice, c’est qu’il y a certes des victimes mais aussi des coupables, et que ces derniers n’ont été jusqu’à maintenant ni découverts, ni condamnés ; la conclusion est que le pays fonctionne mal, il faut le bouleverser pour réparer ces intolérables injustices : il est grand temps de faire la révolution.
  Or ce mot aussi est lui aussi très vu en France : nous sommes (ou pensons être) les enfants d’une grande révolution que le monde entier nous envie : celle de 1789. Et tous savent que ce mouvement, qui dura 10 ans, a été marqué par une très grande violence : les expropriations par la force, les jugements avec condamnation à mort sans avocat lors de procès durant quelques heures ont été légaux, justifiés, encouragées.
   Car si la violence est par essence immorale et interdite, par définition condamnable et juridiquement indéfendable ; il existerait des situations où cette même violence peut être justifiée car utile pour le « bien » face au « juste » : on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Tout est dit : on peut ou on doit bafouer les idées que l’on défend pour les faire triompher. 
  De l'autre coté, les spectateurs qui au départ auraient été naturellement contre ce déluge de violence, deux sentiments ambiguës se côtoient. D’abord la compréhension, car toute l’historique catholique de notre culture est du coté de la victime, de la veuve et de l’orphelin : on compatis. Et puis, la mécanique si douce de la faiblesse, du déni se met en place, avec une acceptation lâche des événements. Au départ, beaucoup pensent sincèrement pouvoir, vouloir voudrait juste se permettre de gagner du temps, mais ils sombrent bientôt dans une abdication aveugle.
  Devant cette double mécanique, violence et apathie, le pouvoir ne sait, ne peut plus rien faire : prendrait-il partie pour l’une des deux options qu’il se verrait fortement critiqué par le cumul des deux groupes : il sombre dans une tétanisation totale, il parle, jure et sombre dans la pire des déchéances pour un pouvoir : il démissionne.
  Et le temps passe, c’est le seul qui continue à assumer son rôle ; et avec le temps vient l’enlisement, le pourrissement, le marécage dans lequel les différentes médiocrités se vautrent en tentant de continuer leur si longue comédie, car la médiocrité a des résiliences qui étonnent toujours les acteurs de ce type de comédie.
  Et une fois fini cet épisode, tous en attendent un nouveau avec son lot et ses accès de violence ….

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