jeudi 31 janvier 2019

Désastre prévisible des élections Européennes


En ce début d’année 2019, nous savons tous qu’il y aura une échéance qui arrive tous les 5 ans : l’élection des députés Européens. Chaque pays membre va envoyer un nombre d’élus au parlement de Strasbourg, qui siège aussi à Bruxelles, environ un député par million d’habitants. On peut déjà se poser la question du pouvoir, du rôle, de la responsabilité de ce parlement face aux décideurs européens vis-à-vis, le gouvernement européen as-t-il quelque chose à craindre des députés ? Non, tout le monde sait que ces députés ne servent pas à grand-chose, et qu’élire n’importe qui ne fait pas prendre un grand risque pour le pays d’origine et pour la gouvernance Européenne; l’électeur européen peut, au pire, se défouler, au mieux montrer son adhésion globale à l’Europe et son projet. 
Tel est l'objectif de mon propos, qui aujourd’hui peut, va montrer un soutien à l’Europe ? Car s’il y a des mécontents vis-à-vis de l’Europe, ceux-ci ne voteront pas POUR celle-ci ; la question devient : qui, vers le mois de Mai 2019, sera content de l’Europe ? Qui est prêt électoralement à donner son quitus à l’Europe ? Qui va soutenir l’Europe ? Qui est d’accord pour mouiller sa chemise pour l’Europe ? Essayons de faire une revue pays par pays.
Royaume Uni
Il est facile de commencer par le dernier de la classe : le Royaume Uni, qui pour ce sujet fera ressortir toute la souffrance venant de son nom de d’United Kingdom ; car tout porte à croire qu’en cas de Brexit, l’Ecosse fera bande à part assez vite et il n'y aura plu de Royaume Uni. S’il y a Brexit, les anglais pro-européens n’auront que leurs yeux pour pleurer, car il n'y aura pas d’élection. Et s’il n’y avait pas de Brexit, ces mêmes Européens seront considérés comme des traites au peuple souverain. Quoique qu'il arrive, l’Europe restera pour de très nombreuses années le sujet maudit du début du XXI siècle pour les îles Britanniques.Italie
L’Italie a pris le parti d’une provocation systématique avec les règlements et obligations européennes, il ne s’agit pas pour eux de dire s’ils sont européens ou pas, mais de se mesurer en interne sur la virulence de leur anti européanisme, sur la violence de leur ressentiment vis à vis de Bruxelles. Comptant suivre une stratégie imitant Grèce, voulant rester toujours en avant, à l’attaque, et à la limite du hors-jeu, il est complètement invraisemblable d’un parti, groupe puisse proclamer son attachement à l’Europe, car il prendrait le risque d’être un traite renégat par rapport au consensus national; l’Italie a fait pour très longtemps le choix de la lutte soit chaude soit froide avec l’Europe.
BeneluxNos voisins du Nord les plus proches ont des soucis de politique interne dramatiques, d’équilibres entre courants souvent insolubles ; et même si Bruxelles reste le centre théorique de l’Europe, Wallons et Flamands ont trop de vrais sujets de discorde pour en rajouter un autre où ils auraient tout à perdre : leur seule position visible au niveau international. Cette élection se déroulera au mieux sans eux, et au pire contre l’Europe si le thème des migrations apparaissait. Car c’est bien ce thème qui éloigne les bataves de l’Europe depuis déjà quelques années, et beaucoup oublie que les Hollandais avaient aussi refusé le traité institutionnel par un référendum sans appel, les parties politiques du gouvernement actuel très près de tomber sur le problème du pacte de Marrakech parce qu’il parait encourager les migrations, présentera un profil très bas sur son adhésion à l’Europe. Et quand au troisième élément du Benelux, le Luxembourg, son image est tellement liée à la finance et à l’évasion fiscale qu’un engagement pro Européen serait un très mauvais service rendu aux autres pays, « on » leur fera comprendre ce point et ils sauront éviter le piège tendu.Espagne
De l’autre coté des Pyrénées, l’heure est des réflexions assez violentes sur la manière de désagréger l’unité du pays ; pendant longtemps le séparatisme consubstantiel à l’unité de façade espagnol a préservé l’illusion sur un état récent, crée par le fer et le sang par la Castille. Madrid a objectivement conquis le reste de la péninsule ibérique dans la suite de la Reconquista du XV siècle, n’étant rejeté que par le Portugal. Au XX siècle, l’unité espagnole a été remise en cause au pays basque, mais ceux-ci ont si médiocrement défendu leur cause malgré un soutien populaire évident qu’ils ont perdu. Ces dernières années, Barcelone a pris le relais du séparatisme, avec toujours autant de médiocrité dans la logique de l’action, mais une puissance vocale et économique plus forte, tout en reprenant le slogan simpliste mais réelle : nous ne voulons plus de Madrid comme pouvoir tutélaire. Qu’importe si les analogies et images entre Madrid et le franquisme sont fausses, la rhétorique indépendantiste catalane est en route, et on voit très mal qui pourrait l’arrêter, par quel moyen une alternative raisonnable  arriverait à se faire jour. La boite de Pandore ayant été ouverte, on verra les provinces du Sud, Valence et celles qui forment l’ancienne Andalousie, emboîter le sentier de la très, trop grande autonomie. Comment imaginer un discours d’union de l’Europe alors que l’union même de l’Espagne est en jeu ? Quel personne politique irait démontrer que l’on est plus fort unis en Europe alors que tant  de personnes sont d’accord pour affirmer qu’il est indispensable de se désunir en interne au nom des particularismes régionaux ?
Portugal
Le cas du Portugal est beaucoup plus simple ; il a tant subi les malversations de ses gouvernants avec une utilisation stupide des fonds Européens, avec ce gaspillage démoniaques de l’argent qui lui avait été donné et auquel on a rajouté l’argent qu’il n’aurait pas du emprunté que le mot Europe signifie misère et népotisme ; peut-être dans quelques dizaines d’années les choses changeront, mais en 2019, le Portugal est la caricature du pays qui ne peut pas sortir de l’Europe, et qui ne peut plus en bénéficier dans la vie quotidienne de ses habitants : le résultat sera de la haine.
Grèce
Parlons maintenant de la Grèce qui a réussi à faire pire que le Portugal dans son intégration européenne, et dont la punition fut horrible à ses habitants ; ceux-ci ayant été  incapables de prendre conscience qu’un Grexit aurait été encore plus dramatique; la masse toujours colossale de la dette a gérer (on dit bien gérer, car le remboursement est au delà de l’illusion) leur garantie une souveraineté proche de zéro pour de très nombreuses années ; trouver un défenseur de l’Europe dans ce pays sera impossible.
Europe de l'Est
Si nous nous tournons vers le Nord Est, on peut dès le départ prendre l’image du Nordet, ce vent froid lumineux et hivernal qui nous glace le sang chaque hiver ; au départ, nous avions l’idée d’une alliance logique entre des pays qui venaient de fuir l’hégémonie soviétique. Et puis le pouvoir de Bruxelles imagina pouvoir se constituer rapidement et à peu de frais un empire d’une manière inattendue peu d'années avant. Les données du traité implicite étaient la société de consommation contre des nouvelles frontières très à l’Est de l’Europe, un donnant-donnant logique et fructueux pour les deux protagonistes de l’accord. Or le « peu de frais » a manqué : il était illusoire. Avec en plus le contre exemple de l’Allemagne de l’Est qui n’as pu s’en sortir que parce son alter ego à l’Ouest qui a passé 10 à 15 ans à lui tenir la tête hors de l’eau, le sort de ces pays était scellé dès le départ : la situation qu’avait laissé plus de 40 ans de communisme version soviétique, la perte totale des système et valeurs morales de ces années de plomb ont fait que chaque centime mis dans ces régions ne pouvait que se transformer en Mercedes noire destiné à un ex « on ne sait plus », mais venant de l’ancien système. La désillusion fut énorme et le très long chemin de remise à niveau s’engagea. Quand il fut question de donner à d’autres ce si précieux argent qui manquait,  quand ils découvrirent qu’il valait maintenant mieux être réfugié syrien que citoyen d’Europe de l’Est, l’implacable machine à désamour fut lancé et le pacte de Višegrad constitua le début de la positon définitivement négative de ces pays.
Autres paysComme il y a juridiquement 27 pays en Europe, il nous manque encore les confettis du Sud, ces presque pays aux noms improbables, évoquant la nostalgie du bassin méditerranéen : Malte, Chypre par exemple ; leur vision sur l’Europe  est simple : des sous obtenus lors de bocages quand il faut une décision à l’unanimité. Rideau !
FranceAh ! J’allais en oublier un de pays ! Le notre ! La si grande et très aimée France ! Après l’élection présidentielle de Mr Macron mi-2017, beaucoup avaient pensé avoir enfin LE grand homme politique élu par un des pays majeurs de l’Europe ayant l’autorité naturelle pour devenir le référent Européen, celui que tous auraient écouté comme le gardien des clés Européennes, celui dont la parole aurait pu faire un contrepoids magnifique et crédible aux stupidités que l’on dit sur l’Europe. Patatras ! Après le calamiteux mois d’Hiver 2018-2019 marqué par la haine, la violence et la bêtise des gilets jaunes, après avoir montré au Monde qu’il ne savait plus être écouté, entendu, respecté chez lui, après avoir été incapable de rétablir l’ordre et l’état de droit en France, comment imaginer qu’il pourrait remplir ces taches pour 27 pays ? Il restera toujours une minorité pour voter pour députés européens pro-européen, mais la majorité des voies iront se reporter sur ceux qui vont affirmer qu’une partie de leurs malheurs vient de Bruxelles.
Prévoir ce désastre tragique n’est pas si compliqué, le résultat des élections Européennes sera un parlement avec 500 députés anti-Européens.

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