mercredi 9 mai 2018

Scènes de la vie pharmaceutique


Pour un pharmacien d’officine, celui qui vend des médicaments à longueur d’année, la délivrance exact des ordonnances est la base, le socle du métier ; et cela justifie toujours, pour lui, le principe du monopole pharmaceutique : on ne peut s’installer, on ne doit pas être trop nombreux pour que tout se monde se concentre sur cette contrainte simple «  ne jamais faire d’erreur de délivrance » ; c’est peu dire qu’une de ces erreurs , aussi minime soit-elle, est une humiliation personnelle pour celui ou celle qui l’a faite.
Un des médicaments que mon médecin m’avait prescrit avait la posologie « 1 comprimé par mois pendant 3 mois » ; à la première délivrance j’eu droit à une boite de 28 comprimés. Pour le premier renouvellement, je sortis, sans m’en rendre compte, de la pharmacie avec une boite de 14 ; cela n’était pas grave et retournais à la pharmacie au bout d’une petite dizaine de jours.
Expliquant ma demande à la pharmacienne titulaire,  sans aucune animosité car je sais que les pharmaciens très sensibles sur le point de l’exactitude de la délivrance, j’eus d’abord droit au très classique « Vous êtes sur ? C’est impossible ! ». Cette première réponse correspondait aux principes de base de la non-satisfaction client.
Il y eu ensuite une tentative d’évitement, car il était noté sur l’ordonnance : « Inexium 14 cpr » exact, mais la durée de prescription étant de trois mois, la délivrance du 28 cpr s’imposait ; cependant, on aurait pu en rester là, et la légère ambiguïté entre la durée et le conditionnement aurait pu suffire comme excuse, comme raison de ce qui n’était qu’un légère erreur de délivrance : le cœur de la prescription « médicament et son dosage » avait été bien respecté.
Et alors, la pharmacienne a eu une réaction étonnante ; avait-elle deviné que je pensais, j’étais sur que c’était bien elle qui avait fait la délivrance ? Voulait-elle se dédouaner involontairement ? En tout cas, elle me dit : « J’ai une jeune préparatrice, je vais la prévenir de mieux surveiller le nombre de comprimés par boite par mois. »
Même si je ne suis pas sur à 100 % de sa phrase, de l’exactitude des mots prononcés, le message qu’a voulu me dire la pharmacienne était clair : « cela ne peut pas venir de moi, pharmacien, il ne peut s’agir que de la faute d’un débutant ».
Mais où donc va se loger la fierté dans ce métier ?   

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