Peut-on essayer d'aller plus loin dans l'analyse historique de l'homéopathie ?
En essayant de rester simple et d'aller à l'essentiel.
Revenons au XVIII siècle, l'anatomie avait bien progressé, la chirurgie aussi, dopée par la réussite de l’opération de la fistule de Louis XIV; mais en ce qui concerne la thérapeutique (les médicaments) tout était resté très balbutiants : il n'y avait aucun fondement théorique sur le « comment faire » pour trouver des médicaments, seul le hasard décidait. Néanmoins, une idée, déjà assez ancienne, existait : la théorie des signatures, pas si facile à expliquer.
Si vous aviez un symptôme, il fallait chercher dans la nature une plante, une substance qui présentait des similitudes avec votre symptôme, alors cet élément pouvait, devait vous traiter; par exemple, si vous souffriez d’un problème de foie, comme celui-ci a une bile jaune amer, il fallait trouver un végétal jaune amer pour guérir. Et parfois cela marchait très bien ! Vous avez des rhumatismes, qui s’aggravent avec l’humidité, cherchons une plante qui adore l’humidité, dont les feuilles sont très bien dans l’eau, le saule pleureur par exemple ; on a découvert depuis que les feuilles de saule sont riches en acide salicylique (salix est le nom d’espèce des saules) que l’on appelle depuis aspirine, merci Mr Bayer. Et si vous aviez une substance active, elle était plus efficace si on augmentait les doses, deux feuilles sont plus efficaces qu’une seule.
Fin du XVIII, un docteur Mr Samuel Hahnemann, a l’idée d’explorer le contre-pied de cette théorie des similitudes ; pour ma part, il est hors de question de le critiquer pour cette démarche, c’est comme cela que l’on fait avancer la science. Il a émis une hypothèse double : les mêmes substances qui avaient un effet « démontré » à dose habituelle (allopathique) devraient avoir un effet OPPOSE à dose vraiment très FAIBLE. Après tout les premières hypothèses d’Einstein n’étaient ni plus, ni moins révolutionnaires. Prenons un exemple : l’arsenic était déjà connu comme poison mortel, en le diluant énormément, il deviendrait un …. reconstituant ; de plus les dilutions qu’il recommandait étaient impressionnantes, une partie pour cent parties d’eau au minimum est la base théorique, et cela s’appelle toujours DH soit Dilution Hahnemannienne.
Dans la pratique, pour avoir un médicament puissant, il faut assez vite y aller fort, 10 DH au minimum, 20 à 30 sont des DH habituelles, depuis certains sont allés à 200 DH. Tout cela se passait dans les années 1780, 1800 ; pour rappel le premier médicament, la première spécialité pharmaceutique n’est apparu en France qu’en 1895 : la digoxine. Depuis, les progrès de la physique et de la chimie ont rendu ces prémisses théoriques risibles, effectivement on est dans l’ordre de grandeur d’une ration de pastis dans tous les océans du monde. On peut aussi dire que vous avez plus de chance, dans une granule homéopathique, de trouver une molécule du corps originel de César qu’une molécule de la substance de départ, tout cela est vrai comme 2 + 2 = 4. Mais je dit et répète qu’il trop facile, indécent de critiquer les explorateurs du passé avec les connaissances du présent.
Mais après la théorie il y a la pratique ; tout esprit rationnel, scientifique doit, devrait être d’autant plus exigeant sur l’analyse de la pratique d’une théorie s’il prend conscience que les fondamentaux théoriques sont devenus discutables et sont discutés.
Hélas ! Trois fois hélas !!! La synthèse des travaux pratiques, des études sur l’homéopathie est en 2018 consternante ; il y a un demi siècle, on pouvait imaginer laisser à l’homéopathie le « bénéfice du doute », et cela malgré ses fondamentaux théoriques devenus bien faibles ; mais aujourd’hui, si on prend en compte, si on fait l’analyse des travaux de tous ceux qui ont voulus d’une manière scientifique prouver l’existence d’une activité des produits homéopathiques, et qui ont été soutenus au delà du raisonnable par ceux qui y croyaient, le résultat final est affligeant ; faut-il rappeler les élucubrations médiatiques de la mémoire de l’eau de Mr Benveniste ?
Enfin, faut-il croire sur parole Mr Boiron, PDG des laboratoires du même nom, quand il affirme avoir fait réaliser par son laboratoire UNE seule étude (EPI 13) sur des pathologies aussi clairement définis que les syndromes anxio-dépressifs et du sommeil avec comme conclusion que les malades s’y trouvaient aussi bien que s’ils avaient été sous un traitement chimique ? Et c’est bien sur ce type de point que je trouve l’attitude des défenseurs de l’homéopathie, aujourd’hui en 2018, très critiquable ; ils font tous comme si rien ne s’était depuis l’époque du Dr Hahnemann, continuant à raconter des histoires puériles de malades en bonne santé comme si Henri Poincaré n’avait pas écrit « Science et méthode ».
Pour finir, j’aurais aimé qu’il soit possible de prendre des paris sur la positon par rapport à l’homéopathie que prendrait Mr le Dr Samuel Hahnemann s’il pouvait ressusciter aujourd’hui en 2018, prendre connaissance des évolutions de la science et devoir décider si sa théorie tient toujours la route 😁😁😁
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