S’il
est une région du monde qui a fait et continue à faire l’actualité en ce début
de XXI siècle, c’est bien le Moyen Orient. Compris entre l’Egypte et l’Iran
d’Est en Ouest, la Turquie et l’Arabie Saoudite du Nord au Sud, le récent
état d’Israël se trouve à son centre. Pour essayer de comprendre ce qu’il s’y
passe en ce début de XXI siècle, reprenons l’histoire récente, les 100
dernières années, depuis la première guerre mondiale.
En
1914, l’Empire Ottoman, depuis longtemps homme malade de l’Europe, rejoignit
l’Allemagne et l’Autriche contre les Alliés pour la première guerre
mondiale. Ayant à sa tête un calife et dirigée par un grand vizir, ce vaste Empire
englobait la Turquie, l’Arabie et toutes les régions jusqu’à la Perse à l’Est. La
guerre perdue, il fut morcelée avec la création de l’Arabie Saoudite et un
système de protectorats entre Français et Anglais pour le reste. Des
nationalistes dits Jeunes Turcs prirent le pouvoir, et une guerre « rectificatrice »
s’en suivit contre la Grèce. Les Grecs de Turquie furent expulsés, et dans
la foulée les Turcs Grecs de la Grèce; cela fut un des premiers nettoyages
ethniques du Moyen Orient.
Chapitre UN : le temps des illusions
20 ans plus
tard, après la deuxième guerre mondiale, un nouveau découpage eut lieu. D’une
part des royaumes furent crées à la place des protectorats anglo-français :
Jordanie, Irak, Syrie, ayant tous avec des rois d’origine Hachémites, venant de
la lignée du Prophète, ainsi que le Liban. Et d’autre part l’ONU s’occupa du
territoire de la Palestine. Une de ses premières décisions a été la résolution 181
qui portait comme titre « Plan de partage de la Palestine » fut voté
rn 1948. Il était prévu deux états, un « Juif » et un « Palestinien »,
avec une « grande Jérusalem » sous statut international.
Schématiquement, l’état palestinien comprenait la Galilée au Nord, Gaza ainsi
qu’une partie du Néguev et une Cisjordanie plus grande qu’aujourd’hui; le
reste serait Israël.
Derrière cette
décision, Il y avait la volonté, après l’extermination des juifs d’Europe, de
donner une espèce de compensation aux juifs survivants, dans la suite de la
Déclaration Balfour sur le foyer national juif. Mais il s’agissait aussi de
punir les dirigeants arabes de la Palestine qui avait largement collaboré avec
les autorités allemandes durant la guerre ; le grand mufti de Jérusalem Amin
al-Husseini ayant non seulement encouragé la Shoah lors de nombreux
déplacements à Berlin, mais aussi participé à la création de la Légion Arabe. Plus
ou moins division SS, elle alla
exterminer juifs et chrétiens dans les Balkans. Farouchement antisémite, il
était un des chefs palestiniens lors de la période 1948-1949, il le restera
jusque que dans les années 1970
Car
à peine l’état d’Israël fondé, tous leurs voisins arabes lui déclarèrent une guerre
totale, avec comme objectif la destruction de ce nouvel état : cela fut la
première guerre israélo-arabe. La solution « deux états » connu son
premier échec. A la surprise de beaucoup, les forces armées très récentes de
l’état juif gagnèrent cette première guerre, en augmentant sensiblement leur
territoire par rapport au partage de l’ONU : Israël repris tout le Néguev
(hors Gaza) la Galilée au Nord et agrandit son territoire en Cisjordanie ;
il est assez paradoxal que ce nouveau découpage issu d’un énième cessez le feu passe,
au XXI siècle, pour les frontières reconnus internationalement d’Israël, et le
tout sous le nom de « ligne verte ».
Les nombreuses
manifestations contre les Juifs dans les pays Arabes (Moyen Orient et Maghreb) aboutirent
à l’expulsion vers Israël de 600 000 personnes ; et de nombreux
palestiniens inclus dans les nouvelles frontières d’Israël se réfugièrent chez
leurs voisins arabes, Liban mais surtout en Jordanie. L’Egypte refusa tout
réfugié, ils furent refoulés vers la bande de Gaza, augmentant considérablement
la population de cette zone On vit la création de très nombreux camps, le tout dès
le départ largement financé par l’ONU.
Dans
les mois qui suivirent, la Jordanie annexa la Cisjordanie et l’Egypte la bande
de Gaza : il ne restait plus rien de l’état palestinien. Le récent roi de
Jordanie le paya rapidement de sa vie, assassiné à Jérusalem par un
palestinien, beaucoup pensent que le grand mufti de Jérusalem l’ordonna ;
après l’intermède de quelque mois de son fils Tahal, son petit fils Hussein fut
nommée roi, son règne allait durer 46 ans.
Entre
1948 et 1956, l’évènement majeur de cette région fut l’arrivée au pouvoir de
Nasser en Egypte. Il exacerba le nationalisme arabe, se proclama « Rais »
et voulut unifier le Moyen Orient sous son autorité. Une de ses premières
décisions fut la confiscation sans paiement du canal de Suez. S’en suivit la très
étrange guerre de 1956 qui dura 9 jours : Israël envahit très rapidement
le Sinaï, aidé par des parachutages Anglais et Français sur le canal. La
« pression » internationale du duo USA-URSS aboutit à une retraite
assez honteuse des vainqueurs sur leurs positions de départ. Beaucoup ont
oublié la toute nouvelle puissance militaire de Tsahal, ainsi que la communication
irréaliste des pays arabes : leurs discours ont alors atteint des sommets
dans le déni. Un cessez le feu avec casque bleus fut établi, suivi par un nouveau
nettoyage ethnique : tous les juifs Egyptiens, soit 75 000 personnes, furent
expulser en devant faire « cadeau » au gouvernement de tout leurs
biens.
Durant
les 10 années qui suivirent, tout le monde savait que Nasser voulait une victoire,
une revanche, et qu’il la préparait sans relâche avec l’aide militaire soviétique
: l’Egypte se couvrit de chars T 56 et de Mig 21. A son initiative, une
République Arabe Unie fut crée regroupant l’Egypte, Syrie et la Jordanie, avec
un commandement militaire unique au Caire. En Mai 1967, les discours enflammés
des leaders arabes faisaient descendre dans la rue, tout les jours, des
millions de manifestants; les slogans étaient « revanche militaire »,
« libération de toute la Palestine », mais aussi « les juifs à
la mer » : il n’était plus question de deux états, il s’agissait de
faire disparaitre l’état d’Israël pour toujours.
Du 5 au 10
Juin 1967, la guerre des Six Jours vit une victoire écrasante, absolue de
Tsahal ; oui Israël a envahi le Sinaï et la Cisjordanie sans déclaration
de guerre, mais oui, cette guerre était inévitable car voulue par les 3 pays de
la République Arabe Unie. Sur l‘aspect purement militaire, de nombreux
historiens notent que la défaite n’aurait pas été aussi totale si les discours
dithyrambiques de victoire de la part de l’Egypte durant les premiers jours n’avaient
totalement obscurci la réalité des combats chez les militaires et dirigeants alliés :
alors que son aviation était détruite à 100% et que les chars de Tsahal étaient
au bord du canal de Suez, des communiqués de victoire étaient publiés au Caire.
Les syriens et jordaniens passaient logiquement à l’offensive, allant vers un
massacre programmé. Après ces quelques jours euphoriques, la vérité apparut et les
armées arabes se sont effondrées dans une panique indescriptible. L’ampleur de
la défaite amplifia des phantasmes de trahison et une amertume terribles au
sein des états arabes qui allaient une nouvelle fois les durablement les
plonger dans un déni total. En attendant, Israël se retrouva maitre du Sinaï,
Cisjordanie et Golan.
Chapitre DEUX : le temps des paradoxes
Après la vraie
fausse démission de Nasser, un personnage émergea du coté palestinien :
Yasser Arafat ou Abou Ammar. Disons le clairement, l’auteur de ces lignes pense
qu’il s’agit de la personne qui a le plus nuit à la possibilité d’un règlement
du conflit avec la création d’un état palestinien durant toute ce dernier
demi-siècle. Un journaliste a dit de lui qu’il « n’avait jamais oublié de
rater systématiquement toutes les bonnes occasions ». Ayant pris la tête
de l’OLP (au cours d’une réunion tenue à Moscou), il cherche une base pour
faire des opérations militaires anti-israéliennes ; son choix se porta sur
la Jordanie qui comptait alors une majorité de résidents d’origine palestinienne.
Mais le gouvernement Jordanien réagit avec une rare violence au cours de
l’opération Septembre noir, en 1970. De « très nombreux milliers de
palestiniens » civils ou militaires furent tués. Cependant tous les cadres
politiques et chefs militaires purent se réfugier au Liban. La Jordanie
continuait d’exister, mais à quel prix ! Les années suivantes furent
marqués par le début des attentas palestiniens sanglants, avec le massacre des
jeux de Munich et autres attentats suicide en Israël.
Avec tous ces
territoires en plus, l’état d’Israël, dont la surface initiale était de 20 000
km² avait plus que triplé ; dans ces nouveaux territoires s’installèrent
de arrivants juifs, des colons, créant des villages destinées à se transformer
en ville : nous avons « les colonies israéliennes en territoires
occupés ». Sont-elles légales vis-à-vis du droit international ? Bien
malin celui qui arrivera à prouver cette idée ou son contraire; mais notons
deux points : d’abord c’est dans l’ADN des arrivants, des migrants juifs
vers la terre d’Israël, de créer des villages agricoles communautaires, plus ou
moins repliés sur eux-mêmes, vaguement autogérés et socialisant appelés
kibboutz, et cela sur des terrains dont l’achat est 100% légal ; et
d‘autre part, cela rend une solution « paix contre territoires » vraiment
plus compliquée, car il faut au préalable déplacer ou détruire ces
kibboutz.
La troisième
guerre israélo-arabe fut déclenchée par l’Egypte avec une attaque surprise le
jour du Yom Kippour, importante fête religieuse juive. Peut-on (une nouvelle
fois !) s’étonner que cette guerre ait eu lieu ? Et que pour faire
une attaque surprise l’état major égyptien ait choisi le jour d’une fête
religieuse de l’adversaire ? Evidement non ! La guerre est la guerre,
point final. Beaucoup mieux préparé que celle de 1967, l’armée égyptienne, bien
aidée par l’armée syrienne, faillit faire trembler Tsahal; la Jordanie
déclara qu’elle avait déjà assez donnée, et se déclara hors-jeu dès le départ.
Au final, l’Egypte était persuadé d’avoir reconquis son honneur (toujours très
étonnant ce concept) et se déclara prête à faire la paix contre la restitution
du Sinaï.
Nous avons vu
le plan des « deux états », découvrons celui de « la paix contre
les territoires occupés ». Les deux
états renvoient à 1948, avec l’idée que deux peuples devraient avoir deux états
avec des frontières distincts, cela fut le point pivot des accords d’Oslo
en 1993, et on en reparle toujours en ce début de XXI siècle. Après la guerre
de 1967, le concept de la paix contre les territoires occupés suppose que
l’Egypte fasse la paix contre le Sinaï, la Jordanie idem pour la Cisjordanie et
la Syrie pour le Golan. L’état palestinien devant attendre que cela soit fini
pour voir le jour.
A partir de
1973, l’Egypte s’engagea dans ce processus, fit la paix avec Israël et récupéra
le Sinaï. En réponse se constitua le « Front du Refus » réunissant
Syrie, Libye, Irak, Algérie et OLP ; tout cela fermement organisé par Moscou.
Il faut toujours rappeler qu’à cette époque, tous les mouvements ou
organisations pro palestiniennes étaient communistes, marxistes léninistes,
l’URSS dirigeant tout cela en sous main. Cependant, cette même OLP, par la voix
de son chef Yasser Arafat, oscillait, officiellement entre ce front du refus,
et la reconnaissance de l’état Israël ; des scissions dans le mouvement
palestinien aboutirent à la création d’autres mouvements FPLP, par
exemple ; avec de nombreuses luttes entre palestiniens et assassinats
fratricides.
Et puis
vinrent les années terribles pour l’ensemble de cette région : 1979 et
1980. D’abord, l’Iran change de régime, le chah est renversé début 1979 par une
alliance entre le parti communiste Toudeh et les religieux chiites ; rapidement,
le Toudeh fut physiquement éliminé par les chiites (les islamo gauchistes de
2023 devraient s’en souvenir) ; l’URSS se trouvait brutalement sans accès
aux mers chaudes, or cet accès était une des pierres angulaires de sa politique
étrangère depuis de nombreux siècles.
Ensuite, la
grande mosquée de la Mecque fut militairement envahie par des
« intégristes » ; on mesure mal chez nous l’ampleur du choc produit
dans le monde musulman le fait de voir des musulmans se battent et mourir à
l’intérieur du lieu le plus saint de l’Islam, de plus pour dénoncer les péchés
des gardiens de ces lieux saints, sachant que ce pays est très officiellement
celui des Wahhabites pratiquant déjà un Islam déjà rigoriste. Tous les récits
des princes descendants des Saoud fréquentant casinos et prostituées
européennes remontèrent à la surface, et l’intégrisme « absolue » acquis
ses lettres de noblesse au prix de quelques centaines de morts.
Enfin, l’URSS,
frustré par la perte de la route iranienne vers les mers chaudes, voulut
récupérer celle qui passait par l’Afghanistan ; ce pays fut envahi, avec
comme d’habitude pour l’URSS, l’alibi de la libération coloniale ; une
nouvelle guerre démarra et on vit les USA aider militairement des rebelles musulmans
intégristes farouchement antioccidentaux : un nouvel exemple du concept
« les ennemies de mes ennemis sont mes amis ».
Pendant ce
temps, les chiites d’Iran voulurent aussi montrer qu’ils se mettaient dans la
course de la lutte contre l’Occident, et ils firent une action
incroyable : prendre en otages l’ensemble des personnels civils et
diplomatiques de l’ambassade des Etas Unis. La mollesse réactions des Nations
Unis restera pour longtemps une marque d’infamie de cette institution par
rapport à sa chartre.
Petite
intermède, alors que l’URSS reprenait pied en Pologne avec Jaruzelski, Israël
en profitait pour simplement annexer le plateau du Golan ; ce n’était plus
un territoire occupé ; mais les espoirs de paix avec la Syrie (et donc le
Liban) étaient enterrés.
L’Irak, pays
chiite gouverné par sunnites, très bien armé par de nombreux pays (dont la France)
crut son heure de gloire venu et voulut envahir puis annexer les champs
pétroliers d’Iran ; le résultat fut une guerre terriblement meurtrière qui
dura une dizaine d’année. Le conflit Israël pays arabes pendant ce temps ?
Une suite de prise de positions terriblement hors sol, et de nombreux attentas
suicides envoyant des jeunes désœuvrés se faire exploser dans le camp d’en face,
en Israël.
A la suite de
plusieurs provocations, Tsahal fit un aller-retour au Liban en 1982 pour
éliminer l’OLP, celle-ci fut sauver in extremis, et s’exila en Tunisie. France
et USA voulurent s’interposer entre les milices Libanaises en envoyant un corps
expéditionnaire repeint en maintien de l’ordre ; deux attentats et
quelques centaines de morts plus tard ils repartirent tout penauds.
A cette
époque, en juin 1982, il se passa une bien étrange bataille aérienne. En 1973,
l’armée de l’air israélienne avait beaucoup souffert des systèmes air-sol
soviétiques SAM : une centaine d’avions avaient été abattus. Devait-on
remettre en cause la possibilité d’acquérir une supériorité aérienne sur le
champ de bataille ? Dans l’éternel combat de la cuirasse et du canon, la
cuirasse tenait la corde. Largement aidé par les technologies américaines, l’armée
de l’air Israélienne détruisit en deux heures toute l’aviation syrienne, soit une
centaine d’avions, et tous les sites SAM syriens, une trentaine. En démontra
que l’on pouvait, grâce à des techniques « informatiques nouvelles »
conquérir la suprématie aérienne, Israël fit une bien immense aux USA. La Syrie
était militairement annihilée, la réputation du matériel soviétique effondrée ;
l’URSS se trouvait stupéfaite et nue pour sa défense.
Mais chacun
répétait régulièrement qu’il fallait libérer Jérusalem et la mosquée Al-Aqsa,
et c’est ainsi que, petit à petit, le rationnel idéologique de la lutte contre
Israël se transforme pour les palestiniens, d’un rationnel communiste /
libération d’un peuple à celui religieux de lutte pour un symbole de la
religion musulmane contre la religion juive. On peut aussi y voir l’impact de
la guerre en Afghanistan et du financement par les riches monarchies pétrolières
arabes qui n’avaient aucun avenir en cas de révolution rouge. Insensiblement,
Arafat se transforma de révolutionnaire communiste à représentant des
frustrations des musulmans ; comment cette transformation put avoir lieu
et devint crédible pour nous tous ? Mystère. Enfin, la guerre Iran-Irak se
termina sur un « stand by » informel, chacun retrouvant 8 ans après ses
frontières du début, avec plusieurs MILLIONS de morts ; ainsi va la vie au
Moyen Orient.
Après toutes
ces tueries, la cause palestinienne était au plus bas ; pour la rélever la
première intifada débuta. Nous allions voir des enfants ou adolescents lancés
des pierres sur les forces de l’ordre, militaires compris : cela fut très
spectaculaire et largement médiatisé. Je reste toujours perplexe quand les
militaires lancent leurs enfants en temps que chair à canon, cela rappelle trop
les derniers mois du IIIème Reich.
Sitôt la
guerre Iran-Irak finie, Saddam Hussein se jeta sur le Koweït ;
pourquoi ? Franchement, les explications rationnels manquent, encore une
de ces décisions incompréhensibles. Par contre les palestiniens, l’OLP en tête avait
prirent le parti de l’Irak ; cela devait révèle catastrophique pour la
suite : tous les palestiniens furent expulsés du pays. La cote de Yasser
Arafat était encore plus basse ; d’autant plus basse qu’avec
l’effondrement de l’URSS, la cause palestinienne perdait ses soutiens
historiques communistes, au niveau diplomatique, financier et surtout
militaire. Cela amplifia la recomposition d’un Moyen Orient « marxiste
léniniste » en Moyen Orient centré sur la religion, sur l’Islam, mais avec
ses variantes Sunnite, Chiite et Turkmène.
Cela
entrainera-t-il l’OLP vers plus réalisme ? Peut-être, mais la mécanique
diplomatique reprit du poil de la tête et aboutit aux accords d’Oslo, un vrai
deuxième souffle pour la solution à deux états ! Pratiquement, nous
revenions au mécanisme territoires contre paix. Israël lâchait de nombreux
territoires en Cisjordanie sans revenir aux frontières de 1967, et un état
palestinien était crée avec la Cisjordanie plus Gaza ; la question des colonies
fut reporté à plus tard. Les frontières de l’Autorité Palestinienne ressemblait
une côte rocheuse finement déchiqueté et la question de la continuité
territoriale se posait dès le départ au sein même de la Cisjordanie, sans
parler de l’écartèlement avec Gaza.
Oslo, ce nom
de ville est associe aux accords entre Israël et l’OLP pour relancer le concept
de solution à deux états. Certains se sont souvenus que la Cisjordanie était
juridiquement Jordanienne ; un accord de paix fut trouvé et la Jordanie
« donnait » la Cisjordanie à l’Autorité Palestinienne, tandis
qu’Israël continuait à assurer la sécurité sur de nombreuses régions, dont
celles où les colons étaient installés. Une Autorité palestinienne fut crée
regroupant Gaza et une partie de la Cisjordanie : on était encore assez
loin d’une solution simple et efficace, mais cela avançait.
L’argent
arriva à flot dans ce nouvel « état », et avec cet argent vinrent les
constructions (maisons, immeubles, écoles, université, hôpitaux) mais aussi la
corruption avec de trop belles maisons et les Mercédès noires. Cependant, le
front du refus était toujours aussi hostile à l’existence d’Israël ; et la
création de l’Autorité Palestinienne présupposait la reconnaissance de l’état
d’Israël et devait explicitement entrainée une coopération sur la sécurité à
Gaza et en Cisjordanie : tout était réuni soit pour un succès éclatant ou
un échec terrible.
Mais ces
années 1990 étaient marquées par un optimisme assez béat, on parlait du
« commencement de la fin de l’histoire », on imaginait que
négociation et démocratie pouvaient tout réglés. Le président américain Bill
Clinton invita Ehud Barak, à l’époque chef du gouvernement d’Israël, et Yasser
Arafat, représentant toutes les sensibilités palestiniennes à venir discuter à
Camp David, résidence d’été officiel des présidents américains ; après
tout, la paix entre Israël et l’Egypte y avait été trouvé en 1978. Du 11 au 25
Juillet 2000, les concessions israéliennes furent au maximum sur Jérusalem et la
Cisjordanie ; cependant, le résultat final fut un échec, beaucoup d’historiens
pensent que camp du refus avait fait plier l’OLP.
Chapitre TROIS : le temps de la haine
On avait
vraiment l’impression qu’un ressort était tendue au maximum, et que sa détente
pouvait être catastrophique. Les attentas du 11 Septembre allaient clairement
démontrés que le principal problème du Moyen Orient n’était plus la question
palestinienne, mais le choc des civilisations Occidentales et Arabo-musulmanes,
avec un rationnel des plus classiques : le Moyen Orient voulait la
modernité Occidentale, technique surtout, mais rejetait la civilisation
Occidentale et tous ces concepts de démocratie directe et tolérance aux
minorités trop décalées par rapport aux standards ou habitudes de vie
séculaire.
La réaction
militaire Américaine, soutenu plus ou moins pas certains membres de l’OTAN,
avec l’invasion de l’Afghanistan puis de l’Irak allait mettre le Moyen Orient
en face de ses propres contradictions : les trois blocs reprirent leur
indépendance et leur antagonisme.
De quels blocs
parle-t-on ? D’abord, le bloc historique : arabo-sunnite, qui se veut
l’unique et légitime représentant historique de l’Islam, lieu ou Mahomet est né
et a vécu, le protecteur et gérant des lieux saints : l’Arabie Saoudite et
ses alliés du Golfe persique ; y sont associés car soutenus financièrement
l’Egypte et la Jordanie. Ensuite le bloc Perse qui regroupe tout ce qui compte
en matière de chiisme Iran Liban Yémen. Enfin le bloc Turc, certes sunnite mais
parlant au nom des derniers califes et vizirs, avec une forte racine ethnique
et culturelle turkmène, y sont associés les nombreux pays où les turkmènes sont
présents, par exemple en Asie centrale avec des états type Azerbaïdjan et
Turkménistan.
Ces trois
blocs sont entrés en concurrence directe au Moyen Orient, leurs objectifs
stratégiques sont claires : l’Arabie Saoudite veut diriger l’oumma sunnite
et retrouvé ses frontières d’avant la domination Turc ; la Turquie veut
exactement l’inverse, retrouver la domination Turc géographique et politique sur
les sunnites, et la Perse veut unifier l’arc chiite, passant par l’Iran,
l’Irak, la Syrie, le Liban voir plus. Comme il s’agit quand même d’une
compétition, d’une guerre entre musulmans, chacun agit et affirme que tout cela
se fait au nom du peuple palestinien, retrouvant un alibi facile basé sur
l’antisémitisme latent du monde islamique.
Seulement il y
a un hic : qui dit domination veut dire puissance militaire et donc
modernisation des forces armées. Crier « Allah Akbar » avec une
kalachnikov, cela fait bien sur des affiches ou vidéos publiés sur les réseaux
sociaux, mais au niveau militaire, c’est zéro. Et la modernité, l’innovation
restent LA caractéristique de l’Occident. Modernisation sans occidentalisation
est-il possible ? Cela a-t-il déjà été réalisé ? On peut
s’occidentaliser en gardant ses traditions ancestrales (Japon) mais on ne peut pas
se moderniser avec une attitude antioccidentale (Russie). Nos trois acteurs ont
joué avec cela durant les 20 premières années du 3ème millénaire.
Se découvrant
encerclé par les USA des deux cotés de leurs frontières, Irak et Afghanistan, l’Iran
a toujours cherché à augmenter ses capacités militaires ; cela a donné un
programme nucléaire toujours pas abouti en 2023. Quoi d’autres pour l’Iran
? Des missiles ayant une portée de plusieurs centaines de kilomètres mais peu
précis, des drones spectaculaires en Ukraine mais, ne transportant que quelques
kilos d’explosif, leur valeur militaire est proche de zéro. Mais comme il faut
du rationnel à tous cela, convaincre le peuple que leurs efforts sont
indispensables, on proclame que c’est pour abattre Israël : ce slogan est même
inscrit sur tous les missiles iraniens exposés. Cependant, on peut tirer ces
roquettes et missiles du Liban ou de Gaza sur des villes ou des kibboutz, c’est
un beau spectacle à la télé qui terrorise les civils, mais au niveau militaire,
c’est toujours aussi négligeable.
La Turquie a
beaucoup misé sur la modernisation de son aviation militaire ; membre de
l’OTAN, elle comptait bien recevoir la centaine de F 35 commandés et cela
aurait du, pu beaucoup pesé au Moyen Orient. Alors, pourquoi avoir fait la
bêtise extrême de s’équiper du système S 400 Russe ? Sachant que cela leur
interdisait de facto la livraison de ces F 35 tant désirés ? Comme souvent,
on reste stupéfait de la taille d’erreur que peut faire un président réputé stratège,
ou alors il y a vraiment quelque chose qui a échappé à tous le monde. Après
avoir vu l’inefficacité des S 400 en Ukraine, il doit se mordre les doigts. Il lui
reste des F16 non-modernisés, et un avion en développement interne auquel il ne
manque que des moteurs, une avionique et un système d‘armes : une
simple coquille vide pour faire des photos. Certes ils ont aussi quelques drones
prometteurs, des Bayraktar très bons en reconnaissance, mais pourront-ils sans
l’Occident continuer à suivre la course très intense vers les nouveaux drones furtifs
de combat ? En attendant, la Turquie n’as jamais perdu une occasion de
prétendre être le protecteur des palestiniens en général et gazaouis en
particulier, tout cela oralement bien sur.
Quand au
groupe Arabie Saoudite & Emirats, il achète à tout de bras du matériel occidental,
américain, français et anglais ; on y trouve une grande quantité de F 15,
Rafale et autres Eurofighter, des chars et canons en tout genre. Ils sont
cependant définitivement engagés dans une modernisation économique, sociale et
militaire, financés pas les énergies fossiles gaz et pétrole. Qu’iraient-ils
faire maintenant dans la galère palestinienne ?
Du coté des
palestiniennes, le poison de la discorde est revenu, avec un coup d’état du
Hamas à Gaza qui fit sécession avec l’OPL de la Cisjordanie ; leur vie
publique se réduisit à néant avec aucune élection, les mêmes dirigeants restant
au pouvoir jusqu’à leur mort, comme les Rois du Moyen Age. L’argent continue à
arriver, venant de l’Europe, d’Iran, du Qatar ou autres pétromonarchie, mais il
s’évapore aussi vite qu’il est arrivé et les gens vivent toujours aussi
mal ; la militarisation de la société laisse une jeunesse sans espoir,
surtout qu’elle a maintenant, via Internet, une vision très précise de
l’hédonisme occidental, avec de jolies filles et des vacances perpétuelles.
En 2011 eut
lieu l’intermède du « Printemps Arabe », suite d’événements plus ou
moins populaires qui, après coup, porte si mal son nom. Dans de nombreux
(tous ?) pays arabes, on vit des foules manifestées avec comme seul slogan
le changement, mais un « vrai » changement ….En Tunisie, le président
à vie Ben Ali dut fuir vers l’Arabie Saoudite ; en Egypte, Moubarak subit
le même sort ; en Lybie Kadhafi fut tué avec l’aide Française. Le pire fut
la Syrie, avec une guerre civile qui fit plusieurs centaines de milliers de
morts (oui, oui, on parle bien de 300 à 500 000 musulmans tués par
d’autres musulmans dans des conditions atroces) et des millions de réfugiés. Les
années suivantes, tout ce château de cartes retombait, mais les pouvoirs en
place n’oublièrent pas la leçon, et les manifestations dans ces pays furent
soumises à un très strict contrôle : la rue arabe allait devenir muette,
pour très longtemps ?
Et pendant ce
temps, Israël fait toujours l’admiration du monde militaire avec sa perfection aérienne
avec un nombre incalculable de raids vers le Liban, Syrie ou Gaza sans une
seule perte ; et suscite l’étonnement avec son Dôme de Fer, capable
d’arrêter à la demande n’importe quel missile ; Dôme dont les Saoudiens
ferait tout pour être équipé face à l’Iran.
Chapitre QUATRE : le temps du malheur
En cette fin
d’année 2023, la machine à malheur s’est assez brutalement remise en route avec
une « guerre » Hamas contre Israël. Alors que les pétromonarchies
étaient depuis 10 ans sur un chemin constant et ambitieux vers la modernisation,
que l’on voyait le Qatar organiser une coupe du monde de football, Ryad voulant
organiser une exposition universelle, les Emirats organisant une COP et que la
guerre en Ukraine voyait une nouvelle fois le matériel américain ridiculisé
celui de la Russie, certains ont décidé de relancer la guerre au Moyen Orient.
La mise en
bouche fut un surprenant traité d’amitié entre Arabie Saoudite et l’Iran, deux
ennemis héréditaires ; cela ne pouvait pas être de bonne foi, mais qui
bernait l’autre ? Dans la bande de Gaza, le pouvoir était détenu par le Hamas,
organisation sunnite financée par la Qatar au nom des frères musulmans et organisé
par l’Iran chiite. Il existait un contentieux entre l’Iran et le Hamas qui
remontait à la guerre civile Syrienne, avec l’Iran soutenant le pouvoir en
place chiite massacrant les sunnites syriens, le Hamas venant en aide à ces
derniers.
Grosse
surprise pour beaucoup quand le Hamas franchit l’impénétrable barrière séparant
Gaza et Israël, en une dizaine de points, et comme par hasard un jour de fête
religieuse du camp agressé. La première surprise fut qu’une barrière conçue et
réputée pour être infranchissable fut franchit d’une manière « assez
facile », on peut supposer que cela fut très bien et très secrètement
préparé. Seconde surprise fut le nombre de personnes, combattants qui franchir
cette barrière, pas un ou quelques
commandos de quelques combattants, mais plusieurs milliers avec motos et
voitures pour aller plus vite. Horrible troisième surprise fut ce qu’ils
firent : un massacre de civils, hommes femmes et enfants, environ 1500 et
avec en plus une prise d’otages de 250 personnes.
La première
question que l’on doit se poser tient dans l’ampleur du massacre ;
était-il voulu, prévu ou si cela n’a été qu’une terrible faute d’une troupe mal
encadrée. On peut imaginer que certains combattants, sachant que leur espérance
de revenir vivant était très faible, aient succombés à leurs phantasmes de
viols et de meurtres, mais il est tout aussi évident que ces meurtres allaient
rapidement et fatalement se retourner contre leur cause. Un plan initial qui
aurait prévu un maximum d’otages pas trop mal traités avec un minimum de
victimes civiles, aurait été parfait pour la suite. De plus, beaucoup de ces
combattants avaient des téléphones ou des cameras portables, il était donc plus
ou moins permis et prévu de rapporter des images qui auraient été utilisées par la propagande.
Une situation
avec toujours 400 militaires de Tsahal tués, un nombre « important » de
combattants de Gaza aussi, 1000 otages bien alignés avec le lot habituel de
civils victimes collatérales aurait constitué une grande victoire du Hamas et
donc de l’Iran. Avec ce bilan de 1500 civils sauvagement assassinées, femmes
violées, vieillards décapités, bébés égorgés ; avec toutes ces preuves
irréfutables que sont les dizaines d’heures d’enregistrement vidéos, de
déclarations initiales enthousiastes, des félicitations venant des chefs, nous
avons un désastre total. Comment des dirigeants qui avaient si bien préparés
les deux premières surprises ont-ils foiré à ce point la troisième ? Un
scenario très pervers envisagerait que cela soit l’Iran qui aurait ainsi fait
coup double : se remettre au centre du jeu en tant qu’ennemi d’Israël, et éliminer
ceux qui l’avaient trahi quelques années auparavant.
En attendant,
les combattants palestiniens étaient passés du statut de soldats à celui de criminels
sanguinaires, violeurs de femmes et égorgeurs d’enfants ; combien de temps
va durer cette malédiction ? Des dizaines d’années au minimum ; les
Japonais sont toujours ostracisés pour leurs kamikazes, de même que les
Allemands pour la Choah. Même le honteux ratage des services secrets israéliens
allait se trouver éclipser.
Tsahal pris le
temps de préparer sa riposte, et elle allait, car devait, être efficace ;
avec une total suprématie aérienne, des centaines de missions aériennes ont eu
lieu, avec sans doute aucune perte d’avions : une première assez étonnante
après le désastre des avions russes exclus du ciel ukrainien en quelques
semaines. De plus, en cette fin d’année 2023, la liste des pertes de militaires
au combat apparait absolument ridicule, de l’ordre de 100 à 150 morts pour
conquérir une ville préparée à un assaut depuis des années, là aussi les Russes
doivent être bouche bée.
Et pendant ce
temps, qu’on fait leurs alliés en guise de support pour les palestiniens, ou
plutôt des habitants de la zone de Gaza, soit environ deux millions de
personnes ? De petites manifestations très encadrés avec un service
d’ordre impeccable précédant un discours d’une demi-heure, calibré pour être
retransmis et écouté à la télé, du grand leader pour le Liban et l’Iran ;
quelques autres gesticulations humanitaires et pleurnichardes des habituels
idiots utiles, au final rien. Comme ces pays ne pouvaient / voulaient rien
faire, l’ONU voulut tenter sa chance, avoir un impact, et son secrétaire
général commença sa deuxième campagne électorale en direction des pays
« non-alignés », foncièrement envieux donc hostiles vis-à-vis de
l’Occident. Enfin, aux dernières nouvelles (fin décembre 2023), l’Egypte a
rejoint le club des victimes collatérales avec le blocage du canal de Suez au
niveau du détroit de Bâb el Mandeb.
En guise de conclusion
Certains
voudraient de nouveau parler paix et solution à deux états. Illusoire. On ne
peut faire la paix après qu’une des parties ait démontré à ce point vouloir
détruire, annihiler l’autre. De plus, dans le camp Arabe, des
« amis » des palestiniens, qui veut la paix ? La Paix est-elle
dans l’agenda politique d’un acteur du coin ? L’oubli oui, mais la paix
non. Imaginez ce conflit éteint, quelle serait la légitimité interne et externe
de l’Iran ou de la Turquie ? Cet abcès va continuer à suppurer encore
longtemps, comme une mauvaise série télévisée, mais restera en bonne place des
journaux télévisés.
Les états du Moyen
Orient qui s’étaient lancés sur la voie d’une certaine modernisation vont devoir
brutalement revenir en arrière, de nouveau cernés et coincées par les
dictatures à l’extérieur et leur peuple à l’intérieur ; même la Chine a bien
vu qu’elle allait souffrir de ces événements.
Les périodes
intenses et troublés sont propices aux révélations, ce qui était occulté, dénié
durant longtemps explose brutalement, et
se retrouve exprimé publiquement sans aucune gène. Ainsi a-t-on vu des
personnes et organisations qui se prétendaient antisioniste politiquement basculer
dans un antisémitisme décomplexé, exposant leur haine des juifs avec une totale
arrogance. L’écolo-islamo-gauchisme a montré un des éléments qui soudent ces
trois courants : leur antisémitisme assumé ; qu’il soit constitutif
pour la religion islamique, théorisé à partir de l’anticapitalisme pour les
marxistes ou résultat d’une volonté de décroissance vis-à-vis de l’Occident
pour les écolos purs et durs, ils sont sur cet objectif intermédiaire. Avant,
ils essayaient d’argumenter autour de l’antisionisme, mais maintenant ils ont transformé
leur soutien à la cause palestinienne en défense absolue de ceux qui ont
perpétué volontairement un pogrom. On aurait pu voir un habituel déni, du type
« mais ils ne l’ont pas fait exprès » voir « ce sont des
soldats » ; mais on a vu un soutien résolue, totale pour le Hamas.
Rien ne sera plus comme avant avec cette
fracture qui s’est ouverte entre le monde Occidental et Oriental.