Pour une réécriture
de l’élection présidentielle de 2012
En ce début de XXI siècle, en mai 2012 pour être plus précis, la France, notre beau pays, devait élire un nouveau Président de la République; le nouveau boss qui devait diriger le pays pendant cinq ans, et cela en disposant de pouvoirs pour le moins étonnants, voir incroyables pour les autres, les démocraties anglo-saxonnes en particulier.
Deux personnes sortaient du lot, et gagnaient le droit de s'affronter, de se mesurer lors du deuxième tour. Cependant, je crois bien que les jeux étaient fait depuis longtemps : le mal-aimé allait rater sa réélection, malgré un bilan techniquement réussi, entre autre au niveau économique et social, il fit au mieux de ce que l’on pouvait faire face à la situation; et le mal élu allait lui traîner durant cinq longues années son calvaire fait d'ambiguïtés, sa malédiction fut comparable à celle de Prométhée, et il allait chaque matin recommencer à vouloir faire oublier les faiblesses monstrueuses de son élection.
Peut-on imaginer, en France, élire un président de la république d'une manière un tant soit peu rationnel ? Sans y mettre toutes les passions et anachronismes dont nous sommes si friands ? La réponse est clairement NON; comme trop souvent dans notre beau pays, les impressions, les idées reçus sentiments, les rumeurs dénuées de toute logique allaient prendre le dessus.
Certains diront qu'il y avait la crise, une crise économique ! Avec l'aversion consommée de beaucoup de nos concitoyens pour tout ce qui concerne l'argent, et surtout l'enrichissement, il y avait vraiment très peu de chance qu'un débat s'ouvre sur les sujets économiques, sur la meilleur manière de sortir de cette fameuse crise. Chez nous, tout le monde veut devenir riche, mais personne ne supporte qu'un autre le soit ; et les choses relatives à l’argent sont au mieux ignorées, au pire présentées avec un a priori qui mêlent mensonge et médiocrité.
Et puis, il est des mots qui sont usés d’avoir trop été utilisés ; depuis l’automne 1973 (de mémoire) on nous parle de crise ; celle-ci peut-être majeure, économique, social voir sociétal ; mais ce mot a été bien trop galvaudé pour qu’une analyse lucide et paisible des événements financiers qui ont eu lieu en 2008 et 2009 puisse avoir lieu lors des débats passionnés d’une élection présidentielle.
Le Mal Aimé
Il avait dirigé le pays pendant les cinq précédentes années, dès le début de son mandat il avait été rattrapé par cette crise financière, dite des "sub-primes", peu d'économistes sérieux ont dits ou écrits qu'il, lui ou son gouvernement, ait fait des erreurs de gestion ou d’anticipation. Mais (et le mais est fondamental) il y eu, quand il fallu faire le bilan, tout une succession de critiques qui étaient tout à la fois faciles, ridicules, blessantes et terriblement efficaces.
Des phrases, qui étaient certes stupides, type "casses toi sale con" ont finies par faire l'actualité; le mot "bling-bling" (dont on peinerait à trouver une définition dans un quelconque dictionnaire) fut associé à sont style de vie; petit à petit, au delà de toute considération politique, la mayonnaise du désamour commença à prendre.
Et puis, car n'oublions jamais que la "tranquillité" (devenir fonctionnaire) est le rêve secret de trop d'entre nous, et le mal-aimé avait fait de leur réduction un des axes logique de son action; comment imaginer que ses enfants n’auraient plus jamais cette tranquillité enviable ? Ce désamour finit par convaincre une frange de la population, une partie des électeurs, qu'il pouvait y avoir une "autre" politique, et derrière ce mot autre, on trouvait surtout le fantasme, l'idée que nous pouvions encore prendre un peu de bon temps ; et, tranquillement, remettre les efforts à demain, voir après-demain : il existe un terme pour définir cette attitude : procrastination.
Le Mal Élu
Brillant haut fonctionnaire, issu de cette célèbre machine à technocrate nommé ENA, ayant passé vingt ans dans les cabinets ministériels et puis dix ans à gérer un parti politique d’une rare complexité, il avait à la fois tout fait sans jamais rien faire de ses dix doigts; c'est à dire sans avoir vraiment gérer quelque chose de concret, une activité du privé. Mais il avait un avantage énorme sur beaucoup : une capacité à sentir, comprendre les envies et rancunes de nos concitoyens ; de plus il savait y répondre, avec ce mélange d’empathie et de promesses qui permettent de gagner l’élection la plus importante de l’état Français.
Je n’imagine pas une seule seconde qu’une personne intelligente n’ais pas su dès le départ que la fameuse taxe de 75% des revenus était une « connerie monumentale » ; mais cela était important dans l’alchimie qui permet d’attirer des voies, des votes venant d’horizons contradictoires sur un même nom, le sien. Oui, il savait qu’il faisait des promesses intenables, mais comment résister à l’attraction du poste le plus prestigieux du pays ? Comment ne pas succomber à obtenir, l’argent et le pouvoir ? La puissance et la gloire ?
Il savait comment se faire élire tout en sachant qu’il ne pouvait pas ensuite gouverner ; la tragédie à la Racine, des personnes broyés dans leurs situations face à la cité, au royaume, pouvait commencer, il allait gagné et après « on verra ».
Le Mal Aimé fut battu, rejoignit l’ombre, le Mal Élu gagna, son calvaire débutait ; et la rigueur de histoire leur refusa même, cinq années plus tard, la revanche qu’ils n’avaient pas mérité.